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Le biais de statu quo : quand la peur de changer vous empêche d'essayer

Demander une promotion est aussi exaltant que stressant. Admettons que vous soyez parfaitement convaincu que vous êtes à la hauteur de vos futures responsabilités. Vous êtes prêt à parler à votre boss et vous jeter à l’eau… Sauf que vous réalisez que l’eau est 10 mètres en-dessous de votre plongeoir, et qu’elle a l’air franchement froid. 

Vous vous torturez de questions : Est-ce que ma boss pense aussi que je mérite la promotion ? Peut-être qu’elle a déjà quelqu’un d’autre en tête ? Et si ma demande l’agace, et que je dégrade notre relation ?... En tout cas, une chose est sûre : vous ne demandez pas votre promotion.

 

Ce qu’il se passe dans votre tête : le biais de statu quo démasqué ! 

Comme on vous l’expliquait dans notre article introductif au concept de nudge, nous, humains, sommes en permanence influencés par des biais cognitifs qui nous empêchent d’avancer. Dans ce cas précis, il s’agit du biais de statu quo : une forme de résistance au changement qui nous fait appréhender toute nouveauté car perçue forcément comme risquée. 

Même lorsque vous avez envie de changement, vous aurez tendance à préférer que les choses restent à l’identique, où qu’elles évoluent le moins possible, afin de minimiser les risques de pertes. En somme, ce biais vous poussera à mettre en évidence ce que vous risquez de perdre (une situation confortable où vous n’avez pas à faire vos preuves, une bonne relation avec votre boss…) plutôt que ce que vous pourriez gagner en changeant (de nouvelles responsabilités, un meilleur salaire, plus de sens dans votre job...).

Et souvent, s’ajoute à cela la considération des coûts irrécupérables : c’est-à-dire que vous prendrez en compte (à tort) l’investissement passé, qui n’est pourtant ni remboursable, ni récupérable, pour des décisions futures. Revenons à votre situation : cela fait 2 ans que vous vous investissez dans votre poste. Vous avez un quotidien parfaitement rodé, vous maîtrisez vos tâches sur le bout des doigts, vous avez créé un réseau, et vos performances sont excellentes. Avec une promotion, et donc un nouveau job, vous aurez l’impression de perdre cet investissement, puisqu’il vous faudra apprendre de nouvelles activités, et vous adapter à un nouveau contexte.

Pourtant, cette énergie est passée : c’est un coût irrécupérable qui ne doit pas entrer en compte dans votre choix. La seule question qui doit rester : qu’est-ce que je veux faire maintenant pour améliorer ma situation future ?

 

Les nudges à la rescousse : l’approche du starter step

Même en connaissant son existence et son nom, il est très difficile de se défaire de l’emprise du biais de statu quo. Ici, il est d’autant plus puissant que vous faites face à un objectif impressionnant, qui aura un impact sur votre carrière. Il est très facile de se laisser tenter par un peu d’inertie, en attendant une opportunité miraculeuse : par exemple, une promotion qui vous serait spontanément proposée... Or, comme le dit si bien Peggy Klaus : « Ce sont ceux qui se vantent que l’on récompense avec des promotions et des projets phares. »

 

Pour sauter le pas, rappelez-vous les nudges, qui contournent les biais cognitifs en mettant des incitations simples pour influencer nos comportements dans notre propre intérêt.  Ici, en quoi ça consiste ? Oubliez votre objectif, oubliez le plongeoir géant. B.J. Fogg, chercheur en sciences comportementales à l’Université de Stanford et fondateur du Behavior Design Lab, parle de starter step

Cette action de départ a un double avantage pour débloquer la situation : elle est facile et inoffensive. On ne vous parle pas de faire irruption dans le bureau de votre manager ! Il suffit juste de tremper un orteil dans l’eau. Prenez votre To-Do et notez cette action : Listez vos succès du mois.

Pourquoi ? Vous savez tout ce que vous avez réalisé ce dernier mois – mais ce n’est pas forcément le cas de votre manager. Prenez quelques minutes pour mettre à plat vos succès et réalisations du mois. Vous pourrez ensuite aisément les intégrer à une présentation de vos compétences et les mettre en valeur.

Comment ? Listez les différents projets et activités sur lesquels vous avez travaillés. Puis, formalisez votre impact en termes de livrables, si possibles d’objectifs chiffrés : au lieu de dire que vous avez « contribué au projet Ninja », dites que vous avez « rédigé puis présenté le rapport Shuriken, produit le livrable Katana… » voire « permis une hausse de la satisfaction client de 15% ». Si besoin, sélectionnez trois réalisations phares : ce sera plus facile à retenir, et donc à valoriser.

 

Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! Une première étape qui n’engage que vous… Ensuite, à vous de continuer à avancer, petit à petit : mouillez vous les bras en préparant une présentation de vos compétences, puis la nuque en liant vos compétences à celles requises dans le nouveau poste… Jusqu’à progressivement planifier cette fameuse discussion avec votre boss !