Business

Au travail aussi, les nudges peuvent nous aider à passer à l'action

Nudge signifie littéralement “coup de pouce” en anglais, que l’on pourrait traduire par “encouragement”. La théorie du nudge, développée par les sciences comportementales, montre comment de simples incitations nous aident à aller des bonnes intentions à l’action.

Ces études ont culminé récemment dans les travaux de Cass Sustein et Richard Thaler, le prix Nobel d’économie 2017, auteurs de “Nudge - La méthode douce pour inspirer la bonne décision”.

Même motivés, nous sommes tous paralysés quand il faut passer à l’action…

Quel rapport avec notre vie professionnelle ? L’envie de nous développer est omniprésente (acquérir de nouvelles compétences, mettre en application cette super formation que l’on a suivi, agrandir son réseau, changer de voie…). Le problème n'est pas notre motivation : elle est fluctuante, certes, mais toujours là.

Nous ne manquons pas non plus de ressources : grâce aux innombrables théories, formations et autres tutoriels, nous savons parfaitement quoi faire et comment atteindre ces objectifs. Bien souvent, tout ce qu’il nous reste à faire, c’est passer à l’action. Et c’est là que ça bloque. Manque de temps ou d’énergie, flemme, oubli : nous faisons en permanence face à de multiples obstacles qui nous empêchent de simplement transformer cette décision d’agir en action.

C’est normal : nous sommes biaisés !

Cette paralysie du premier pas, nous l’avons tous. La raison est très simple : nous sommes humains. L’homo economicus n’existe pas : nous ne sommes pas capables d’analyse froide et d’actions cohérentes en toutes circonstances. Et n’étant absolument pas rationnels, savoir qu’un comportement est bénéfique ne nous suffit pas pour le faire.

La cause ? Nous sommes en permanence influencés par des biais cognitifs : ces petites voix qui nous rappellent les expériences négatives en priorité, qui nous font surestimer le regard des autres…

A l’origine, ces biais sont apparus pour nous aider : ils simplifient notre environnement pour nous permettre de nous y adapter au mieux, par exemple en nous aidant à ignorer le superflu pour prendre des décisions plus rapides. Mais dans un monde où nous devons sans cesse nous réinventer, désapprendre et réapprendre, ils deviennent parfois des freins. Et nous voilà pris entre le marteau du besoin permanent de nous développer, et l’enclume de notre inertie.

Le nudge : un outil qui nous aide à utiliser nos biais à notre avantage

Heureusement, les sciences comportementales, qui étudient la façon dont notre cerveau prend des décisions, nous aident à comprendre ces biais et à les exploiter.

Pour mieux comprendre la force des nudges, prenons l’exemple de leur application sur la politique britannique de dons d’organes. Dans les pays demandant un consentement explicite, c’est-à-dire où les individus doivent donner leur accord en amont de tout prélèvement, le taux de consentement est très faible : en 2003, en Grande-Bretagne, seuls 17% des personnes consentaient au don, 4% au Danemark... contre 100% en Autriche. Le gouvernement britannique a alors fait appel à sa nudge unit, un service du Premier ministre dédié à l’utilisation de l’économie comportementale pour améliorer les politiques publiques. La nudge unit, après avoir testé diverses approches, propose de simplement demander aux citoyens la question « Si vous aviez besoin d’une greffe, la demanderiez-vous ? Si oui, devenez donneur. » Résultat ? L’adhésion augmente de 100 000 donneurs de plus chaque année, tout en maintenant un consentement explicite et volontaire. Et cela grâce à un nudge, simple et efficace.

Idéal dans un contexte de formation professionnelle, sur le terrain

Si les nudges ont fait leurs débuts dans le domaine public, ils sont progressivement adoptés dans le monde professionnel. Ils représentent notamment une opportunité formidable pour s’attaquer à l’enjeu du développement professionnel, en l’intégrant dans notre quotidien. Passés les e-learnings, les séminaires ou les formations présentielles, les bons nudges, au bon moment, nous permettent de mettre en pratique tous ces beaux principes. Et ainsi mettre un pied de l’autre côté de la porte, puis un autre, et un autre, jusqu’à cet objectif que nous sommes réellement motivé à atteindre.

Les prochains articles de cette chronique décrypteront pour vous différentes situations de votre quotidien professionnel pour vous aider à tracer les contours des biais – et mettre en place les bons nudges pour débloquer la situation !