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La dissonance cognitive : la fausse bonne idée de changer d'avis au dernier moment

Mort à la réunionite ! Vous en avez assez des réunions surpeuplées, où sont invités 12 personnes quand 3 auraient amplement suffi. Vous étiez décidé à lancer la dynamique : aucune de vos réunions n’excèderaient 5 invités.

Mais ça, c’était avant. Vous voilà en train d’organiser une réunion – et plus précisément, d’en ajouter les participants. Les participants essentiels sont déjà dans la liste, vous pourriez vous arrêter là… Et si votre intention était mal comprise ? Ou pire, mal perçue ?

Après tout, libre à chacun de gérer son agenda comme il le chante : s’ils ne sont pas gênés par le fait de passer trop de temps en réunions, c’est eux que cela regarde. Le nombre d’invités augmente : encore une réunion surpeuplée… Longue vie à la réunionite.

 

Ce qu’il se passe dans votre tête : la dissonance cognitive

Toute action commence par une intention, formulée par votre cerveau. Or, il arrive que nos intentions coexistent avec des comportements antagonistes, c’est-à-dire que nos actions vont à l’encontre de nos intentions. Cet état de tension, théorisé par le psychosociologue américain Léon Festinger, s’appelle la dissonance cognitive. Notre cerveau cherchera absolument à réduire cette tension en cherchant la cohérence. Ainsi, nous serons parfois poussés à modifier notre comportement, et agir en faveur de notre intention : si j’ai l’intention de faire cela, alors je fais cela. Malheureusement, nous pouvons aussi opter pour le choix inverse, c’est-à-dire abandonner l’intention initiale : si je ne fais pas cela, alors j’abandonne mon intention de le faire.

L’un des facteurs qui poussera le cerveau vers cette deuxième option est la difficulté perçue de l’action. C’est ce qui s’est produit dans l’exemple décrit plus haut : plutôt que devoir prendre le temps de justifier les personnes que vous avez choisi d’inviter dans votre réunion (et celles que vous avez de facto écartées), ce qui aurait été cohérent avec votre intention, vous avez décidé d’abandonner votre objectif. Et pour vous préserver d’un sentiment d’échec, votre cerveau a écarté les actions possibles de votre zone de contrôle : ainsi, si votre équipe continue d’avoir des réunions surpeuplées, et donc peu productives, c’est parce que les autres ne font pas l’effort de refuser ces réunions, voire d’en organiser avec moins de monde directement.

La dissonance cognitive est un symptôme classique lorsque vous prenez une résolution qui vous sort de votre zone de confort – et elle peut être unp uissant levier de passage à l’action. Pour vous encourager à modifier votre comportement plutôt que votre intention, renforcez votre plan d’action en le rendant public.

 

Les nudges à la rescousse : la puissance de l’engagement public

En partageant votre engagement avec une ou plusieurs autres personnes, vous contribuez à créer une normale sociale, c’est-à-dire un comportement attendu de tous. Ainsi, vous pourrez jouer sur le biais de désirabilité sociale de vos collègues, qui les poussera à modifier leur comportement de manière à faire ce qui est attendu d’eux. Ici, le biais agira comme une pression positive : il vous empêchera de renoncer à votre engagement… et vous poussera donc en faveur du passage à l’action pour vous y tenir !

 

Alors, n’attendez plus : Partagez votre proposition avec votre équipe

Pourquoi ? Une fois que vous aurez partagé votre idée de limiter les réunions à 5 participants avec l’ensemble de votre équipe, vous cesserez d’être le seul porteur de l’intention : vous en aurez fait une nouvelle règle, même facultative. En conséquence, à chaque nouvelle réunion, l’organisateur cherchera à agir en cohérence avec cette intention (sous peine de dissonance cognitive légère !).

Comment ? Profitez d’une réunion d’équipe, ou une réunion où participent le plus possible de personnes, et formulez votre proposition à la fin : l’idée d’une réunion plus productive résonnera avec la réunion venant de se terminer, et vous aurez donc toutes les chances d’obtenir un fort engagement !

 

En appliquant les nudges présentés dans chacun des 6 épisodes de la série, vous aurez toutes les clés en main pour passer à l’action :

1.   Définissez un starter step

2.   Découpez votre objectif final en petites étapes

3.   Quantifiez votre progrès

4.   Identifiez les difficultés et planifiez leur résolution

5.   Formulez votre plan d’action

6.   Rendez-le public !

Bon passage à l’action !